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Alexia Charrier

Aujourd’hui je vous présente Alexia Charrier, une passionnée qui aborde le sport sous tous les angles et qui a un parcours riche d’enseignements.

Alexia pouvez-vous me résumer votre parcours?

Je m’appelle Alexia Charrier, je vais sur mes 29 ans, et j’exerce plusieurs professions sportives. Comment j’en suis arrivée ici ? Je vais vous retracer mon parcours.

J’ai commencé le tennis à l’âge 6 ans et le pratique encore aujourd’hui. Ce n’est réellement devenu une passion qu’à l’âge de 15 ans, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ceux qui dominent ce sport, mais également à le pratiquer moi-même en dehors de mon unique créneau hebdomadaire, y compris en tournoi. Jusqu’à présent, j’avais touché à la plupart des sports qui pouvaient se pratiquer dans ma petite commune ! Ma passion pour le tennis fut grandissante pendant mes années de lycée à tel point que j’ai hésité entre une filière sport (STAPS) et biologie, à la suite de mon baccalauréat scientifique. J’avais envie d’enseigner et de faire de la recherche.

Après m’être faite influencée par mon entourage pour qui STAPS ne débouchait que sur professeur d’Education Physique et Sportive, je suis donc partie pour deux ans de licence de Biologie et écologie générale à l’Université de La Rochelle. Deux années difficiles sur le plan scolaire sans réelles perspectives professionnelles mais avec une formation d’initiateur de tennis 1er degré en poche me permettant d’enseigner à de jeunes joueurs en dehors de mes études.

Fort de ce constat, j’ai donc décidé d’envoyer un dossier de demande d’équivalence à différentes universités STAPS. En septembre 2010, j’intégrais la licence 3 Entraînement Sportif à l’Université de Nantes avec un niveau tennistique de seconde série. Je me sentais enfin à ma place ! L’envie de poursuivre dans cette voie et de réaliser de longues études m’ont amenée à réaliser un Master. Un an plus tard, j’intégrais donc le Master Sciences et Technique du Coaching Sportif parcours Réathlétisation de l’Université de Nice. Pourquoi réathlétisation ? Tout simplement parce que les deux enseignants m’ayant le plus passionnée lors de cette année de licence mettaient en avant la réathlétisation comme le métier d’avenir dans le sport.

Et je n’ai pas regretté ce choix. J’ai même eu la chance de pouvoir réaliser mon stage de Master 1 dans la plus grande académie de tennis d’Europe, une des raisons pour lesquelles j’avais choisi l’université de Nice. J’avais toujours continué à enseigner le tennis, retrouvant un nouveau club à chacun de mes déménagements et progressant d’années en années. J’ai réalisé mon stage de deuxième année de master dans un centre de rééducation sportive, qui recevait entre autres, des joueurs de tennis. Je travaillais en partenariat avec un kinésithérapeute du sport, prenant le relais sur le réentraînement avant le retour des patients sur le terrain ou dans la vie active. Mais je sentais qu’il me manquait des outils, cette dépendance vis-à-vis du kinésithérapeute me gênait, j’avais envie d’apprendre des techniques manuelles, de pouvoir prendre une charge une blessure de A à Z. J’ai donc décidé de poursuivre mes études en kinésithérapie du sport. Après deux ans, en tant que coach sportive et professeur de tennis, j’intègre sur concours le Bachelor en Physiothérapie à la Haute Ecole de Santé de Genève.

Après 3 années d’études supplémentaires, me voilà maintenant préparatrice physique, réathlétiseuse, professeur de tennis, coach sportive et enfin kinésithérapeute, spécialisée dans le tennis. Mais je ne compte pas m’arrêter là, j’ai encore un nouveau projet : poursuivre sur un DU de préparateur mental en septembre prochain. Je souhaite accompagner les joueurs de tennis dans les différents facteurs de la performance.

Pourquoi vous êtes-vous orientée vers les métiers du sport ?

Je pense y avoir déjà partiellement répondu. J’ai suivi ma passion. J’ai toujours entendu mon père dire que son métier ne lui plaisait pas, qu’il l’avait choisi par nécessité pour pouvoir rapidement gagner sa vie. J’ai eu de la chance, mes parents m’ont toujours soutenue dans mes projets, même s’ils n’étaient pas toujours d’accord avec ceux-ci ! Nous passons une grande part de notre vie à travailler, alors autant que notre travail soit le plus plaisant possible ! Je ne suis pas sportive professionnelle, mais je pense pouvoir dire que je vis de ma passion.

En tant que femme Alexia, que pensez-vous apporter à l’emploi sportif ?

Le sport se féminise. Les femmes sont de plus en plus présentes dans le milieu sportif et les évènements féminins se multiplient. Les raisons qui conduisent à la pratique sportive et les attentes vis-à-vis de cette dernière sont parfois différentes entre les hommes et les femmes. Je pense qu’en tant que femmes, nous sommes plus aptes à comprendre et répondre à la demande, à proposer une offre qui puisse convenir aux femmes, pour une pratique sur le long terme.

Cependant, de nombreuses inégalités persistent encore, de nombreux clichés perdurent avec notamment des sports qui seraient plus adaptés aux hommes qu’aux femmes. Au tennis, 70% des licenciés sont des hommes. La présence de femmes dans l’encadrement de ce type de sports pourrait davantage inciter les filles et les femmes à s’y inscrire, continuer à pratiquer et pourquoi pas susciter des vocations. Il faut dire que des inégalités en termes de médiatisation et par conséquent salariales persistent. La médiatisation d’évènements sportifs incite à la pratique. Pour compenser ce manque, nous nous devons d’être de plus en plus présentes dans l’encadrement, dans l’entraînement de ces sports pour effacer petit à petit ces clichés. Je pense que les jeunes filles ont également besoin d’un « modèle féminin » dans leur pratique sportive.

En tant que préparateur physique et coach sportif, pensez-vous avoir une approche ou une analyse différente des préparateurs physique (hommes) lors de vos entrainements ?

Sûrement également dû à mon côté kinésithérapeute, si je me compare à mes collègues hommes, je pense être davantage centrée sur le bien-être de mes joueurs en premier lieu. Je leur demande d’autant plus leur ressenti, leurs émotions, je fais attention à la moindre douleur. Je trouve qu’ils se confient davantage à moi. J’intègre davantage l’aspect mental dans mes séances. Je veux qu’ils soient dans les meilleures conditions possibles avant de pratiquer des séances difficiles sur le plan physique.

Que diriez-vous à des jeunes femmes qui souhaiteraient s’orienter vers ces métiers ?

Si le sport est leur passion, qu’elles foncent !! On a besoin d’elles pour faire changer les croyances, les clichés, pour amener davantage de femmes dans les sports pensés plus « masculins », d’augmenter la médiatisation des femmes dans le sport, et les investissements financiers.

Ce ne sera pas toujours facile, il faudra passer outre un machisme encore parfois présent. Il y a quelques années, on m’a refusé un stage me permettant de participer à l’encadrement de l’équipe de Monaco de Coupe Davis de tennis. Sans doute à cause de l’expérience malheureuse d’une précédente stagiaire, de mon caractère réservé, d’un manque de confiance en moi et de compétences encore limitées. Malheureusement, je pense qu’à compétences égales, professionnelles et sportives, un club choisira un homme plutôt qu’une femme, sur un sport à dominante masculine. Il faut vraiment rester curieuse, avoir toujours envie de progresser, d’élargir ses compétences pour pouvoir se démarquer. Aujourd’hui, j’accompagne et j’entraîne une grande majorité d’hommes, y compris de haut niveau. On me contacte et on me respecte pour mes compétences. La confiance en soi s’acquière avec l’expérience, il faut croire en ses capacités et oser de nouveaux défis professionnels !

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